mercredi 26 mars 2014

De Khartoum (Soudan) à Addis Ababa (Ethiopie)

Je quitte la capitale du Soudan en suivant le Nil bleu qui va me mener vers l’Ethiopie.  Le désert est bel et bien terminé, fini les superbes paysages du Sahara et les petits villages nubiens. Au programme des 3 premiers jours de route jusque Wad Wadani: des zones agricoles arides et des petites villes le long d’une route étroite et très fréquentée. Le genre de section pas très intéressante où il faut rouler pour faire du kilomètre, rester attentif aux klaxons et être prêt à sortir de la route à tout moment pour laisser passer les camions. Heureusement la bonne humeur et l’hospitalité soudanaise sont toujours là.

Entre Khartoum et Wad Madani - Et la poussière, c'est cadeau!
Aux aires de repos, pas de chips ni de mars, mais des cacahuètes et des galettes de sésame
Une épicerie de village
Puis,  je quitte le Nil et bifurque vers l’Est en direction de la frontière Ethiopienne. Les paysages changent, je traverse de grands espaces de savane sauvages où il est agréable de rouler. Cependant, Il commence à faire sérieusement chaud. Plus de 40°c à l’ombre, et bien au-dessus des 50°c au soleil.  Mais l’ombre par ici, il y en a pas beaucoup, alors je ne loupe pas une occasion de m’arrêter dans les petites « cafetérias » de bord de route ou dans les villages.

Le covoiturage version soudanaise
Les petits villages que je vois en bord de route
Un des "arrêts cafeéeria"
Encore quelques jours dans la savane sous cette chaleur accablante et j'aperçois les premières collines à l’horizon, c’est l’Ethiopie…


Gedaref - la dernière grande ville avant l'Ethiopie
Premières collines à l'horizon!
Gallabat - village frontière coté soudanais – J’arrive à l’heure du repas,  "fuul" partagé avec les douaniers et les agents de l’immigration, comme pour me rappeler une dernière fois l’hospitalité Soudanaise.

Je quitte le Soudan que j’ai beaucoup aimé pour passer en Ethiopie. En général les villes frontières ne sont pas très attrayantes.  Metema,  le  village frontière côté Ethiopien est particulièrement glauque. Un alignement de bars, discos et bordels dans des gargotes en taule où les soudanais viennent se débaucher. Je change mon argent et je le passe rapidement pour découvrir ce nouveau pays.

Premiers kilomètres en Ethiopie
Je commence l’ascension vers la fraîcheur,  à chaque coup de pédale l’air devient plus respirable. Je retrouve le plaisir de rouler en montagne, de me laisser aller en roue libre dans les descentes en regardant les chouettes paysages. D’autant plus que la circulation est quasi nulle. Très peu d'éthiopiens roulent en voiture,  seuls quelques camions et minibus utilisent la route.

Et ça monte, et ça monte...
Cependant j’ai bien du mal à apprécier ces paysages. Mes journées sont rythmées par le son des enfants qui crient sur mon passage « you you you you, give me money ». Je l’entends des centaines et des centaines de fois par jour  le long des routes et dans les petits villages.  On me demande de l’argent, des stylos, des vêtements, mes gourdes, mes chaussures,  mon vélo, même des bouteilles d’eau vides. 


Entre la frontière et Gondar
Si d'un côté ces demandes permanentes et le fait de considérer "le blanc" comme une mine d'or providentielle me parait ridicule voir irrespectueux,  d'un autre côté je peux le comprendre tellement la pauvreté est marquée dans les campagnes . Il est courant de voir des gens sans chaussures ou vêtu d’une simple couverture. Et au vu du gabarit des agriculteurs, il semble que même manger à sa faim tous les jours ne soit pas courant.

Et quand chaussures il y a, c'est souvent ces sandales en plastiques vertes fluo
En dehors des villes, le choix dans les mini épiceries est très restreint : riz, pates, mais, quelques produits de toilettes, des tomates, des oignons, pas de conserves, pas de fruits. Chaque arrêt pour acheter à manger, se fait sous le regard d’une vingtaine de spectateurs qui ont les yeux rivés sur mon portefeuille.  Je suis clairement l’attraction, le « farenji » (l'étranger). Je m’arrête parfois prendre de l'eau ou boire le thé très sucré qui est servi un peu partout. Une fois l’attroupement dispersé et les demandes d'argent refusées, les échanges avec les gens sont plutôt sympas, la joie de vivre africaine est bien là.


7h du Matin et c'est déjà l'affluence au puits

Encore quelques bonnes suées et j’arrive sur le haut plateau à plus de 2000 mètres d’altitude. Fini la chaleur, la température est parfaite. J’ai même droit à ma rincée quotidienne en fin de journée. Et c’est sous la grêle que j’arrive à Gondar. Petite ville touristique en raison du château qui la surplombe et du Parc National Simien tout proche. J’y prends un peu de repos pour visiter et me préparer à ce passage en Ethiopie qui s’annonce difficile. C’est intéressant d’observer la vie bouillonnante de cette ville Ethiopienne.  

Gondar - un chateau fort en Ethiopie, qui l'eu cru?
Les petits stands de thé et café qui sont partout en Ethiopie
Les rues de Gondar
Je continue vers le sud. J’en ai déjà eu un bon aperçu : le pays est surpeuplé, et 75% de la population vit dans les campagnes. Il n’y a aucun espace sauvage, tout est cultivé, habité, exploité. Les gens sont partout, dans les champs, sur la voie,  les maisons se suivent le long de la route, elles sont perchées sur  les collines ou au milieu des quelques touffes d’arbres que je vois dans le paysage. Il est donc très difficile de camper sans devoir attendre la tombée de la nuit et dans ce cas il faut partir dès le lever du soleil.

Quand je vous dit qu'il y a du monde le long des route...
Même s’arrêter au bord de la route pour manger tranquillement est  difficile. En quelques secondes à peine je suis repéré et des dizaines de gamins déboulent en courant de nul part pour me demander de l’argent, de la nourriture, ma cuillère, mon bol…

Pour la pause casse croute, c'est loupé...
Je comprends vite que je dois changer mes habitudes et privilégier le « voyage à vélo de luxe ». Je m’arrête manger dans les petits restaurants, c’est l’occasion de goûter toutes les variantes de « l’injera », le plat national, pour moins d’un euro. C’est d’ailleurs souvent le seul plat disponible. L'option B, c'est "pasta be dabbo" en français : spaghetti avec du pain servi avec une sauce épicée. Il n'y a pas d'option C... J’y rencontre souvent des gens sympas qui parlent un peu anglais.


« L’injera » une sorte de crêpe géante fermentée sur laquelle on dispose, légumes,ou autre...le piment n'est jamais très loin
Et autant que possible je planifie mes journées pour dormir dans des petits « hôtels » de village pour moins de deux euros. Des hébergements basiques, souvent sans eau courante et  avec des coupures d’électricité fréquentes.

Entre Gondar et Bahir Dar
Eux ne me demande pas d'argent
Traversée du Nil bleu (qui n'a rien de bleu) - Ou comment passer de 2600m à 1000m et remonté à 2600 mètres en 40 kilomètres seulement
Les journées sont difficiles, physiquement mais surtout psychologiquement. Dans les campagnes, si le contact avec les adultes est correct,  les sollicitations permanentes des enfants sont exaspérantes. Le souci c’est qu’à vélo, je passe la majorité de mon temps dans les campagnes. Et des enfants ici, il y en a beaucoup. Chaque traversée de village se fait suivi d’un cortège d’une dizaine d’enfants qui me courent après avec un concert de « money, money, money ». Si je passe à l’heure de sortie de l’école, c’est par une trentaine d’enfants que je suis suivi (j’ai compté !).  En montée,  Ils me suivent parfois pendant plusieurs kilomètres, et ça devient un exercice de concentration. J’essaie de le prendre de façon positive, je garde le sourire, je salue, mais ça n’empêche pas les jets de pierres (3 fois par jours en moyenne) ou parfois quelques tirages de sacoches.


Dès le début du village le cortège se forme

Quelques jours de vélo plus tard, j’arrive à Bahir Dar, tout au sud du lac Tana, ce lac en forme de cœur célèbre pour sa photo vu du ciel. La ville est plutôt sympa avec ses avenues bordées de palmiers. J'y reste deux jours pendant lesquels je passe la majorité de mon temps au stade pour assister aux "All Ethiopian games". Une compétition nationale d'athlétisme qui à lieu chaque année. J'assiste aux épreuves de 10000 mètres, 100 mètres et lancer du poids. J'y rencontre aussi Dong, un cyclo chinois qui se dirige aussi vers le Sud de L'Afrique


Stade de bahir Dar - Cérémonie d'ouverture

Je fais le dernier bout de route en direction de Addis Ababa avec Dong. On est toujours autant autant sollicité, en plus des "give me money" c'est à des centaines de « Farenji, where are you go ? » (toujours avec cette faute d'anglais récurrente) qu'on doit répondre. Mais à deux on le supporte mieux, on en rigole même. On s'habitue aussi à être le "Farenji" (l'étranger), le blanc, celui qui a de l'argent. Ainsi qu'au fait que chacun de nos gestes soit observé, comme un si un singe passait dans la ville.

Village de Jiga - on s'arrête juste 2 minutes pour acheter une chambre à air...
Les travaux agricoles qu'on voit en bord de route
Une des pauses quotidiennes pour le délicieux jus ou plutôt crème d'avocat/mangue, le top du top!
On fait le yoyo sur les superbes hauts plateaux éthiopiens en observant la vie à la campagne qui semble être la même depuis toujours. Les gens vont chercher l’eau à la rivière, ou au puits,  chercher du bois, travaillent la terre sans aide mécanique, et vivent dans des maisons de bois et de paille.


A grands coups de fouet
Les Highlands : les hauts plateaux éthiopiens
Aux alentours de Debre Markos - Matinée avec un cycliste local qui nous fait goûter le "tecla", une boisson local à base de graines et d'herbes. J'ai pas pu le finir, je ne sais pas ce qu'il y a dedans, mais je vous garanti que c'est pas du cacolac!
Derniers jours de vélo pour arriver à Addis Ababa, la capitale nichée au centre du Pays. Dong y rejoint ses amis chinois en banlieue, moi je me dirige vers le centre ville. J'y suis depuis deux jours et je vais y rester encore quelques temps afin d'obtenir le visa pour le Kenya et planifier l'itinéraire à venir.

A bientôt.

samedi 1 mars 2014

De Aswan (Egypte) à Khartoum (Soudan)

Le visa soudanais orne la page 6 de mon passeport tout neuf. Il ne me reste que quelques jours à attendre à Aswan, tout au Sud de L’Egypte, avant de prendre le bateau hebdomadaire pour Wadi Halfa au Soudan. Cette traversée du Lac Nasser est le le seul moyen, hormis l’avion, pour y entrer depuis l’Egypte.

Le souq d’Aswan
Aswan – Dernier repas Egyptien avec Ayla, une soudanaise qui vit en Belgique et qui m’a beaucoup aidé dans mes démarches
Sortie d’Aswan, direction le barrage de High dam

Un ferry de plus, une formalité vous me direz. Sauf que ce ferry là, c’est une aventure à lui tout seul! Je m’en rends compte dès mon arrivée au port. Le parking est rempli de gens, de cartons, ballots, sacs et valises en tout genre. Il y a des files dans tous les sens dans la désorganisation la plus totale,  ça se bouscule, ça pousse, ça balance les cartons par-dessus les grilles. Je regarde ça de loin, ça me fais bien rire au début, beaucoup moins quand je suis pris  dans « la mêlée ». Taxe de sortie, taxe pour le vélo, immigration, contrôle de sécurité, timbre, contrôle des billets… j’enchaine les files d’attente ou ça joue des coudes pour chaque centimètre.

Barrage de High Dam – arrivée sur le parking du port le jour de l’embarquement. On est pas prêt de partir...
4 heures plus tard, j’embarque enfin, je mets le vélo à l’arrière du bateau avant qu’il ne se fasse ensevelir sous les paquets, et je vais délimiter mon territoire sur le pont pour les 18 heures de traversée. Puis, j’assiste au spectacle, du bateau qui se remplit anarchiquement.

Le vélo (à l'arrière)pas encore noyé sous les cartons
Sur le bateau, une poignée de touristes, mais la majorité des passagers sont Soudanais, des « traders » comme ils se nomment eux-mêmes. Ils achètent des marchandises en Egypte pour les revendre au Soudan. D’où cette quantité impressionnante de…tout et n’importe quoi, de la machine à laver aux couches pour bébés en passant par des lots de sandales en cuir.

 Le bateau pas encore plein comme un œuf
Chaque centimètre carré est occupé, même les canots de sauvetages sont remplis à ras bord, on lève l’ancre, cap vers le Soudan. On est serré comme des sardines, chaque déplacement est un exercice de contorsionniste, du coup, on sympathise vite et l’ambiance sur le pont est plutôt bonne enfant.

Les rives du lac Nasser - Lac artificiel alimenté par le Nil de 500Km de long pour un superficie de plus de 6000Km²
Mon mètre carré pendant la traversée qui dure finalement 25 heures
Vue depuis le bateau sur les temples de Rames 2 à Abu Simbel. Déplacés pierre par pierre dans les années 70 pour ne pas être noyés 
Après un débarquement aussi bordelique que l'embarquement, je pose le pied au Soudan. Je vais bien, le vélo aussi. Au village de Wadi Halfa, les pouces en l’air et les "welcome to Soudan" fusent, les gens sont souriants et sympathiques, je me sens tout de suite à l’aise. 

Soudan - première vu sur le village de Wadi Halfa
Reste une dernière formalité : l’enregistrement auprès de la police. Mais il est 15 heures et le poste de police est fermé. « Reviens demain » me dit on. « Ok, à quelle heure ? », «le matin», « oui, mai à quelle heure ? », « le matin », « A 8h? 9h? 10? », « demain matin… ». Il va falloir que je m’habitue aux horaires africains.

Le village de Wadi halfa
J’ai donc un premier aperçu du Soudan à Wadi Halfla. Tranquille village au milieu du désert, maisons de terre séchée, pas d’eau courante. Il y règne une atmosphère paisible, ici, j’ai l’impression que tout fonctionne au ralenti, 40 minutes d’attente à la boulangerie dans un silence total, les hommes figés au salon de thé, et les rues de sables sont quasi vides.

Boulangerie de Wadi halfa - directement du four au consommateur
Cet enregistrement au bureau de police n’est pas non plus une simple formalité. Après 3 heures de va et vient entre 9 bureaux différents et quelques billets en moins, j’ai ce petit autocollant tamponné par le capitaine dans mon passeport. Mes sacoches sont pleines de nourriture, en route vers le Sud !

C'est parti pour 900 kilomètres de sable jusque Karthoum
C’est le désert certes, mais les paysages sont vraiment sympas. Il ne fait pas encore trop chaud et mon ami le vent (de dos) est toujours là. Le même qui me pousse depuis Le Caire. Il me permet faire de longues distances sans trop appuyer sur les pédales et aussi, quand il souffle assez fort,  de chasser ces milliers de moucherons qui m’assaillent à chaque arrêt. Ces nuées d’insectes sont parfois  insupportables, Ils rentrent dans les oreilles, le nez, se collent sur les yeux.

Entre Wadi Halfa et Dongola
La protection ultime anti moucheron! Je savais que j'avais bien fait de prendre mes lunettes de piscine
Calme parfait, ciel étoilé, les meilleures nuits du monde ne se passent pas au Hilton mais dans le désert du Sahara

La route longe le Nil de plus ou moins loin. C’est la ligne de vie dans le désert. Sur ses rives se trouvent de magnifiques villages nubiens. J’y suis toujours très bien accueilli, sans passer pour une bête de foire,  de grands sourires, des saluts. Même les enfants,  qui d’ordinaire sont toujours très excités au passage d’un étranger, sont adorables. Je suis souvent invité à partager le « Fuul », une sorte de purée de fèves  qui se mange avec du pain à la main.


Village de Akasha
Une des variantes du "Fuul" - le plat national qui se mange en général au petit déjeuner
Village de Abri
Je continue mon chemin vers le Sud. Si les nuits restent fraîches dans le désert, en journée le soleil commence à cogner dur. Heureusement, le long du Nil l'eau n'est jamais loin. De grosses jarres en terre cuite gardent l'eau bien au frais. C'est l'eau du Nil, elle n'est pas souvent transparente, mais est sensé être potable. Les locaux la boivent, et j'en bois aussi sans problème. 

Le plein d'eau dans un des arrêt de bus en bord de route
Il y en a partout, mais eux refusent de remplir mes gourdes
La rue principale de la petite ville de Dongola 

Cette hospitalité formidable se poursuit. On m'invite à boire le Thé, on me fait signe de venir manger, on m'offre des dattes, parfois on me propose de rester passer la nuit. Rouler par ici est très agréable. De plus, les gens parlent quelques mots d'anglais ce qui facilite la communication. Mais surtout, les soudanais, quelque soit leur âge, ont une joie de vivre communicative.

Avec Tahib (et ses amis) qui m'a hébergé spontanément dans son épicerie au village de Debba
Entre Dongola et Kharthoum
Un autre coucher de soleil dans le désert...
Peu à peu le sable laisse apparaître quelques arbustres et même un peu de vert. Le sahara se termine, j'approche de la capitale. Il est temps car je commence à regarder plus les bornes kilométriques que les paysages. 

Khartoum, c'est tout droit!
4 oranges achetées, un sachet de dattes offert! Merci.
Des pastèques (au premier plan) qui poussent dans le désert!

Mon arrivée à Khartoum est synonyme de fin du désert mais aussi retrouvailles avec les bouchons et la pollution. Cette capitale de 5 millions d'habitants se trouve où les deux Nils se rencontrent, le Nil blanc qui prend sa source dans le Lac Victoria (Ouguanda/Tanzanie) et le Nil Bleu qui vient des montagnes d'Ethiopie. Le Nil et les quelques grattes ciel permettent de s'orienter facilement, mais trouver un adresse précise est difficile, pas de noms de rue, ou si il y en a, les habitants ne les connaissent pas, pas non plus de numéros sur les maisons.


Arrivée à Khartoum - même à vélo on se faufile pas toujours partout
Je suis à Khartoum depuis 2 jours:  formalités de visa à l'ambassade d'Ethiopie, un peu de repos, encore du Fuul (je m'en lasse pas) et un petit tour en vélo pour découvrir cette ville où les buildings de verre contrastent avec les rues poussiéreuses

Un des  marchés de Omdurman (banlieue de Khartoum)
Mes guides à cheval vers la cérémonie Sufi, sans eux je serais encore en train de chercher
 Omdurman - Impressionnante cérémonie de danses sufi 

Demain, je remonte sur le vélo pour continuer mon chemin vers l'Ethiopie.
A bientôt