samedi 12 juillet 2014

De Kasama (Zambie) à Gweru (Zimbabwe)



Kasama est une toute petite ville au Nord de la Zambie, ou plutôt un croisement de route avec quelques commerces et habitations. J’aime bien prendre des jours de repos dans ce genre de ville milieu de nulle part aux allures de village. Tout le monde m’a vu arriver en vélo,et pendant les trois jours que j’y passe, le contact se fait facilement. Les gens sont curieux, me questionnent sur mon voyage et l’anglais aidant, je fais rapidement copain copain avec les gens de la guest house dans laquelle je réside, du cyber café, ou du bar dans lequel je regarde les matchs de la coupe du monde.  

La rue principale de Kasama
Sitembile avec qui je vais regarder les matchs de foot au bar du coin. Il me disait « Tu verras, la France ne passera pas les ¼ de final » il avait raison...
Kasama – comme l’indique le panneau, la Zambie est loin d’être surpeuplée
Bien reposé je reprends la route vers Lusaka, la capitale du pays. Au programme : 850 kilomètres de grandes lignes droites dans la brousse entre la voie ferrée et la ligne électrique. C’est relativement plat et sérieusement monotone. 8 jours pendant lesquels il ne se passe pas grand-chose. Je regarde défiler les kilomètres sur mon compteur, je pense à autre chose, je chante, je roule, bref j’avance… 

Les routes zambiennes c’est souvent ça
La façade d’une boutique du village de Mpika
Un marché de village

Si la circulation se résume à quelques bus et camions. Il y a souvent de petits hameaux qui ne sont pas sur ma carte. Et comme souvent en Afrique, ça marche le long de la route, ça fait du vélo, je ne suis donc pas souvent seul sur la route. Chaque personne que je croise me salue avec un grand sourire, les pouces se dressent en l’air, devant les maisons un peu en retrait dans la brousse les bras s’agitent «How are you ? » « safe journey sir ! ». Les zambiens ont le contact facile et me donnent le sourire sur ces routes qui feraient faire la grimace à tout cyclo-voyageur.

Les maisons que je vois en bord de route
Ugali au Kenya et Tanzanie, Posho en Uganda, Sadza au Zimbabwe,  ici en Zambie la polenta s’appelle le Nshima
Ville de Kabwe
Dans la rubrique, « En Afrique, tout se répare, tout se bricole, tout est bon pour économiser ou se faire de l’argent » ici on trouve aussi : le ballon de foot fait de sachet plastique et de chambre à air, les journaux des jours/mois/années antérieures qui se vendent d’occasion page par page,mais réparer les crevaisons avec de la ficelle, là chapeau, j’y aurais pas pensé…

Et ça marche…j’y penserais quand je n’aurais plus de rustines
Charbon, pommes de terre, balais, miel… voila un extrait de ce qui se vend devant chaque maison le long de la route en Zambie
Bivouac dans la brousse – j’apprends en lisant mon ''journal d’occasion'' que le gouvernement Kenyan vient de légaliser la polygamie il y a plus de deux mois

Je continue ma route, les paysages ne sont pas transcendants, mais la vie quotidienne est facile, les zambiens sont vraiment sympas, je glane quelques fruits et légumes par ci par là, en bord de route, devant les maisons ou dans les petits marchés. Les épiceries de villages proposent bien plus de produits que ce que j’ai connu dernièrement. Il y a des supermarchés dans les villes. La brousse offre des lieux de bivouac faciles et bien cachés, il y a des puits dans chaque hameaux, des rivières propres et désertes pour faire plongette.

Le plein de tomate en bord de route
Vue de la tente le matin au reveil
Lusaka en vue ! enfin !
J’ai décidement pas de chance avec les capitales africaines, à peine arrivé à Lusaka, alors que je suis dans une rue calme, je me fais rentrer dedans par une voiture. (oui, ça fait 2 fois en moins de 2 mois!). Rien de cassé cette fois, juste un vol plané et quelques bleus. Le conducteur s’arrête, me demande si ça va et repars aussitôt. Je me rends compte que c’est ma roue arrière qui a amortit le choc, elle est tellement voilée qu’elle ne passe même plus dans le cadre. Un détail matériel vous me direz, mais en Afrique, même si il y a beaucoup de vélos, trouver des pièces de qualité n’est pas chose facile.
 
Lusaka - Le meilleur magasin de vélo de la  ville, c’est pas gagné…
Alors que je m’attendais à passer des jours à essayer de trouver une solution pour réparer cette roue. Je passe par hasard devant l’usine de montage de "Buffalo Bicycles" qui construit des vélos costauds, conçus pour transporter des charges lourdes. Ce n'est pas un magasin de vélo mais je vais leur demander ou je peux trouver une jante de qualité correcte et surtout où je peux faire remonter ma roue dans les règles de l’art. « On peut faire ça ici » me disent-ils. Finalement tout est réglé en une demi-journée.

Lusaka - Usine de montage de Buffalo Bicyles
Lusaka – une grande ville sans charme particulier
Lusaka - Buffalo Bicyles –  Super boulot les gars ! Merci !

Je passe quelques jours de repos à Lusaka. Quand je quitte la ville je ne sais pas trop ou je vais. 50 kilomètres plus loin, il y a un croisement. A droite : au plus court vers le Cap en passant par le Botswana (plat avec encore de longues lignes droites dans la brousse, et une fois en Afrique du Sud, des champs à perte de vu) ou à gauche vers le Zimbabwe (plus long, encore de la brousse mais avec des paysages plus intéressants une fois en Afrique du Sud). J’hésite jusqu’au dernier moment, je m’assois, je regarde la carte que je connais déjà par cœur, je prends à gauche…

Au Sud du Fleuve Zambeze - Frontière de Chirundu

A la frontière, l’officier de l’immigration me met en garde «It’s a gamepark, there are lions, elephants and a lots of animals, be carefull ! ». Une réserve avec des lions? Je pensais que la route passait entre deux parcs nationaux, (Mana Pools) mais en regardant de plus prêt sur ma carte, en effet elle traverse bien la réserve de Hurungwe. 

Les baboabs de la Reserve de Hurungwe

Il n’est que 10 heures du matin, j’ai le temps de traverser la réserve dans la journée. Je prépare ma combinaison anti mouches tsétsé (il y en a aussi dans la réserve) car j’ai plus de chance de me faire piquer que de tomber sur un lion. D’ailleurs, vu le traffic de camion qu’il y a sur cette route principale, j’ai peu d’espoir d’apercevoir le moindre animal. Mais après seulement 15 kilomètres, c’est pas pas un, pas deux, pas trois mais un troupeau d’une dizaine d’éléphants qui traverse la route juste devant moi.

Reserve de Hurungwe - « Oh Put%$* !!! »(A voix haute) – c’est ma réaction en les voyant débouler de la brousse

Finalement je ne verrais que deux mouches tsétsé, mais toute la journée, j’ai droit à un véritable "cyclosafari". Des antilopes, des phacochères, d'autres éléphants, des singes, des impalas et même un léopard ! oui oui, pas un chat, pas une hyène, un léopard ! Ça court vite, mais ça se reconnait facilement. Il courrait après une bestiole dans la brousse à quelques mètres de la route seulement J’ai été impressionné sur le coup, ensuite plutôt effrayé, il était temps de sortir de cette réserve.


Reserve de Hurungwe - les biches locales  – Vous aussi vous avez peur des lions ?
Reserve de Hurungwe- Vue du Zambezi escarpement – la petite hutte c’est la « sation de contrôle » anti mouches tsétsé
Les petits singes que je vois un peu partout dans le pays

Une fois sorti de la réserve, c’est beaucoup moins fun, de la brousse à perte de vue, tantôt plat, tantôt vallonnée, mais souvent monotone. Au Zimbabwe, hormis quelques rares fermes, pas de maisons en bord de route, pas de hameaux c’est uniquement de la brousse, fini les saluts et les sourires de la Zambie, entre les villes c’est plutôt désert.

Désert,  pas complètement, il y a des camions et mieux vaut sortir de la route pour les laisser passer

Les jours passent et se ressemblent : Karoi, Chinhoyi, Chegutu, Kadoma, Kwekwe… une ville tous les 80 kilomètres environ. Je passe mes journées à rouler dans la brousse, la tête dans le guidon pour faire du kilomètre. J’atteins la ville quotidienne en fin journée. Là j’ai quelques contacts sympas avec les locaux,  puis je sors de la ville avant le coucher du soleil pour bivouaquer dans la brousse.

Eh ben ! 60000 Kilomètres à vélo, si un jour on m’aurait dit ça, je l’aurais pas cru !
Ville de Karoi –  D’ailleurs Christina (T shirt orange) ne me croit  pas quand je lui dit que je viens de France à vélo
Camping municipal « la brousse » - Installez vous où vous voulez…

Les images que j’ai connu ces derniers mois s’estompent peu à peu. Dans les campagnes plus personne ne marche le long de la route, plus personne ne transporte des sacs de charbon sur leur vélo, les femmes ne portent plus de paniers sur leur tête. Dans les villes, les supermarchés et les fast food ont pris la place des gargottes de rue et des petits marchés. Je ne prends plus l’eau au puits mais au robinet des stations-services. J’ai l’impression que l’Afrique est déjà derrière moi.


Ville de Chinhoyi

Je suis maintenant à Gweru, en plein milieu du Zimbabwe, Encore quelques jours de brousse pour arriver en Afrique du Sud.


A Bientôt.

11 commentaires:

  1. Wow, Loic, felicidades por tus 60,000 kilómetros en bici! Ya me imagino la emoción de ver a todos esos animales de la reserva. Gracias por llevarnos a conocer Zambia a Zimbabue. Cuidado en las ciudades, que bueno que no pasó a mayores el accidente. Un abrazo!

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  2. Put%*>!!!! Tu nous fait trop halluciner mon pote! WWWAAAAAOUOUOUHHHH! Trop géant ton trip! On s'excuse de ne pas donner des masses de news... mais qu'est ce qu'on pense souvent à toi vieux fou! Promis on t'envoie tout tout tout prochainement plus de news! Bonne route à toi, t'es le meilleur!

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  3. Salut Loïc, c'est toujours aussi génial de parcourir tes aventures en Afrique. Grand merci du partage et à bientôt !

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  4. Salut le baroudeur de Fils, on en fini jamais avec toi ça va de la crainte (incidents, prob de vélo , rencontres annimalières pas très rassurantes) aux paysages , découvertes ,et rencontres tellement variées, tu vas finir par faire des jaloux mais nous on préfère te lire assis derrière notre PC plutôt que de traverser la savanne avec son lot de surprises car tout ce que tu croises ne sont pas des animaux en peluche, Roule profite car tout a une fin un jour encore quelques mois à bourlinguer et il va falloir penser au retour à moins que ?????. Comment peut on retrouver une vie normale après un périple de 60 000 Km à travers le monde tu nous le diras à ton retour
    Bonne route et surtout de grosses de notre part.....Tes parents qui pensent beaucoup à toi

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  5. Enfin les animaux de la brousse, j'attendais ça avec impatience et tu aurais pu faire un effort pour prendre une photo du léopard ... mdr. Encore de belles images et un vrai plaisir de continuer à découvrir cette Afrique si particulière, grâce à toi. Bravo pour les 60 000 bornes, que de chemin parcouru et le sourire est toujours là : ton visage respire la joie, et ça doit estomper la fatigue certainement présente. En attente de ton prochain post. Bye PZ

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  6. Hello, Loïc, encore une part de rêve grâce à toi !!
    Bonne continuation !!

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  7. Repairs with strings - it reminds me of Guatemala. And of Japan, when I should have used this option after running out of patches. The simplest solution in the most developed country would have saved me from walking 20km. Travel educates us for sure! I wait you´re going up after Cape. Sandy roads and sun!

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  8. comme tu m'as l'air ravis d'apprendre la légalisation de la polygamie :) héhé ... Et oui, les Zambiens sont des gens biens ;)

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  9. 60 000 kms ! Absolument GENIAL ! On avait zappé ton blog quelques temps, le temps des vacances mais là en te retrouvant on n'en revient pas : c'est extraordinaire, qu'est-ce que tu dois être fier : BRAVO...... euh nous aussi on aurait aimé voir la photo du léopard !
    Dom et Renaud

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