samedi 25 mai 2013

De Piura (Pérou) à Cajamarca (Pérou)


Je suis à Piura, tout au nord du Pérou, ce grand pays dont je n'ai eu qu'un tout petit aperçu pour le moment . Un petit jour de repos, le temps de faire quelques petits recollages et réparations. Au fil des mois, le matériel, même si il tient bien le coup, ne va pas en s’améliorant. Les employés de la «Ferretaria » (comprenez quincaillerie) avec qui j’ai sympathisé, me conseillent de gouter le « Ceviche », une spécialité Péruvienne qui vient de Piura me disent ils. Moi qui ne suis pas fan de poisson, je suis conquis ! 
Piura

Piura - Une variante du "Ceviche" très citronnée

Piura -  les jus de fruits qu'on trouve à tous les coins de rue au Pérou
On reprend la route vers  le Sud, direction Chiclayo. Les gourdes sont remplies à raz bord et les sacoches sont pleines de riz et et de nouilles. Entre les deux villes c’est le fameux désert de Sechura. On peut y apercevoir des paysages assez variés:  tantôt pampa, tantôt sable, tantôt dunes... Et  avec ce fort vent de face, on a le temps de les admirer. En plus d’être vraiment joli et de nous changer un peu des montagnes, ce désert offre l’avantage de pouvoir bivouaquer très facilement, au calme,  sans devoir chercher.
Désert de Sechura

Désert de Sechura -  un des point de ravitallement au millieu de nul part

Désert de Sechura

Chiclayo est à l’image des quelques villes Péruviennes que j’ai pu voir. Le centre ville axé autour de la place centrale est propre et rénové, mais sorti de ce petit pâté de maison, c’est poussiéreux, bruyant, très vivant et coloré. Les maisons et édifices sont rarement terminés afin d’éviter de payer la taxe foncière, beaucoup de rues sont en travaux ou non revêtues. Bref on est bien loin des standards européens.  
Chiclayo

Chiclayo - Plaza des armas - la place centrale

Chiclayo
Le désert continue, le vent souffle toujours fort vers le Nord et nous, on va toujours vers le Sud.  Au vu de l’inclinaison des quelques arbres, c’est toujours comme ça. Nous qui pensions « profiter » du plat de ce désert pour se reposer un peu les jambes avant la montagne, c’est loupé. On en est réduit à faire des relais pour essayer de se protéger du vent et de ne pas faire du sur-place. 
Désert de Sechura
J’ai aussi retrouvé mes vieux copains, les pires ennemis de mes chambres à air, vous vous souvenez ? Ces arbres à épines que j’avais déjà côtoyé en Inde. Ils se sont donnés rendez-vous ici aussi, histoire de faire descendre mon stock de rustines un peu plus chaque matin.


Désert de Sechura - on va être bien pour dormir la

La petite ville de Paijan au Nord de Trujillo est bien connue des cyclo-voyageurs. Il y sévit une bande organisée, spécialisée pour détrousser les cyclistes. Selon les cyclo-voyageurs que j’ai croisé récemment, c’est encore le cas. Beaucoup donc passent cette zone en bus ou demande une escorte policière. On décide de l’éviter en bifurquant vers les montagnes un peu plus tôt que prévu vers Cajamarca. Après tout, on est plus à quelques montagnes près. La surprise est plutot bonne! On s’engouffre dans une grande vallée paisible. De chaque coté de la route : des rizières, des champs d’oignons, des vergers, des vignes… les paysages sont superbes. Le vent, guidé par les montagnes, tourne enfin à notre avantage et nous pousse dans cette longue montée de 174 kilomètres qui va nous emmener jusqu’au col de Cajamarca à plus de 3000 mètres d’altitude. 
Les rizières de la vallée de Jequetepeque

Vallée de Jequetepeque - village de Magdalena

La circulation sur la panaméricaine est loin d’être infernale, mais la quitter fait du bien. On peut se laisser aller à ses pensées sur cette route secondaire dans un calme presque parfait. Seul les chiens, dont le nombre et l'agressivité semble augmenter proportionnellement à l’altitude viennent troubler cette ambiance paisible.
Vallée de Jequetepeque
On longe la rivière Jequetepeque, les quelques barrages nous offrent des opportunités de baignade qu’on ne loupe pas. Les villages aux façades colorés sont très pittoresques. Les maisons sont souvent faites de briques de terre et paille. Les chapeaux et vêtements traditionnels sont courants et se distinguent de ceux que j’avais pu voir en Equateur.
Vallée de Jequetepeque - ça sent la baignade ça!
Vallée de Jequetepeque - village de Chilete

Vallée de Jequetepeque - village de Chilete
  
On est évidement les « gringos » mais quand c’est dit avec un grand sourire, on le prend tout de suite mieux. Les gens qu'on rencontre sont sympathiques et généreux. On se fait offrir de la nourriture plusieurs jours de suite. Par exemple : alors qu’on répare une crevaison en bord de route, un homme vient spontanément nous amener des grappes de raisin de sa vigne. Le Lendemain en fin de journée, on s’arrête au village Tembladera pour faire les courses. Les « Tienda » (le nom que portent les petites épiceries au Pérou) qu'on trouve d’habitude à tous les coins de rue sont fermées. C’est le jour de la fête du village, pour la fête c’est loupé, le chapiteau est en train d’être démonté, mais quand on demande ou on peut trouver une épicerie, on nous tend une assiette de riz et et de viande en sauce, le plat local.
Vallée de Jequetepeque - village de Tembladera - Gracias a ustedes para la comida, estuvo muy rico!

Les maisons qu'on peut voir en bord de route

Vallée de Jequetepeque

La montée en pente douce devient plus raide de jours en jours, on approche du sommet! On arrive au Col avec une superbe vue sur Cajamarca. On se lance dans la descente vers cette ville ou l’on a prévu un  jour de repos. Pas qu’on soit spécialement fatigué, mais c’est la dernière ville avant une longue portion sauvage sur des petites routes de montagnes plutôt pentues. Là encore c’est une bonne surprise. La ville possède un centre colonial charmant.
Cajamarca - Mercado San Sebastian
Cajamarca - la place centrale qui, comme à Piura et à Chiclayo, s'appelle aussi Plaza des armas


Cajamarca

Après plus d’un mois passé avec Tanel, demain je repars seul en direction de la grande cordillère blanche. Encore des montagnes,  oui mais cette chaîne est réputée pour ses paysages splendides. Cependant, avant d’y arriver, il y a encore des efforts à fournir, de belles séries de cols m’attendent.

Cajamarca -  comme souvent, les marchés c'est l'endroit ou bien manger pour pas cher
 
Cajamarca - 150 000 habitants, bien logée entre les montagnes à 2800 mètres d'altitude

A bientôt

mercredi 15 mai 2013

De Quito (Equateur) à Piura (Pérou)


Je suis toujours avec Tanel, avec qui je vais faire un bout de chemin. On profite de la capitale de l'Equateur, des ruelles du centre colonial historique, du soleil qu’on a enfin retrouvé et des "seco de pollo" (Riz/poulet) à moins de 2 euros à tous les coins de rue.


Quito - partie Nord - au premier plan le centre historique, en arrière plan la ville moderne

Quito - centre colonial historique


Bien nichée entre les montagnes, Quito, n’est pas très large, mais s’étend en longueur. Il est facile de s’y repérer, mais pour y entrer comme pour en sortir, cela nécessite plusieurs dizaines de kilomètres de slalom.  A peine sorti de la ville, la panaméricaine devient « l’autoroute des volcans’’. Sur une centaine de kilomètres, on se faufile entre des  volcans qui culminent à plus de 5000 mètres d’altitude. Malheureusement, la météo n’est pas de la partie et on ne profitera pas du spectacle. C’est nuageux, pluvieux et même si l’on devine les volcans derrière la brume, ils ont bien du mal à pointer le bout de leur nez. On aura quand même la chance d’en apercevoir quelques-uns, dont certains en légère activité.


Entre Quito et Cuenca

Entre Quito et Cuenca - Les vêtements traditionnels encore très souvent portés en Equateur

En altitude le temps change très vite, on joue à cache-cache avec les nuages et la pluie. La question de s’abriter ou non ne se pose plus, on sait qu’on finira trempé de toute façon. Cependant, le soleil apparait par moment pour nous réchauffer et nous faire profiter des superbes paysages de la cordillère des Andes.


Entre Quito et Cuenca - coucher de soleil au dessus des nuages à 3500 mètres d'altitude

Entre Quito et Cuenca -  village de Chunchi

Entre Quito et Cuenca


On prend le rythme des montagnes, doucement mais sûrement. On cumule les cols, ce qu’on met quatre ou cinq heures à monter, on le redescend de l’autre côté en une heure à peine. Pour résumé, on monte, on monte, on monte…


Entre Quito et Cuenca
Entre Quito et Cuenca
  

Dans ces montagnes, les travaux agricoles se font souvent sans aide mécanique et en habits traditionnels. Même les plus jeunes portent ces vêtements, ce qui donne un coté très dépaysant. Malgré la difficulté des tâches quotidiennes, les gens ont ce sourire communicatif qui nous aide à gravir les cols.




Entre Quito et Cuenca

Entre Quito et Cuenca
Entre Quito et Cuenca

Si certaines villes sont plutôt modernes, la plupart des villages gardent un coté authentique. C’est souvent poussiéreux, les ânes, chevaux, poulets, chiens, cochons et autres se baladent librement dans les rues. Les façades colorées sont décrépies. Les modestes maisons semblent être en construction depuis toujours. J’ai comme l’impression que rien n’a bougé depuis 50 ans. C’est dans ces villages que j’aime à m’arrêter. Même si les arrêts sont brefs et se résument souvent à quelques achats de provisions, les échanges avec les gens sont sincères, et le vélo facilite beaucoup le contact.


Entre Quito et Cuenca -  Ville de Riobamba

Entre Quito et Cuenca -  Ville de Riobamba

Entre Quito et Cuenca - le village de Alessi

Les jours et les fraîches nuits sous la tente passent, on arrive à Cuenca, 3ème ville du pays perchée à 2800 mètres d’altitude. On y prend quelques jours de repos. Le temps pour Tanel, malade depuis quelques jours, de récupérer un peu.



Cuenca

Cuenca
Cuenca
Reposés, on continue vers le sud, les cols avoisinent toujours les 3500 mètres d’altitude, et la pluie nous gâte toujours quotidiennement. Même si à cette altitude on ne sent pas encore réellement les effets du mal de montagne. Quand les chiens qui nous courent après nous obligent à quelques sprints, on se rend quand même compte qu’on a le souffle court.

Vue de la tente, le matin au reveil

San Pedro de la Bendita

Entre Cuenca et la frontière péruvienne


Pas de doutes, on approche de la frontière péruvienne. On quitte tout doucement les hautes montagnes. Les paysages deviennent plus sauvages, on a l’impression d’être seul au monde  La circulation qui était déjà faible devient quasi inexistante, seuls quelques bus qui font la liaison viennent parfois troubler cette tranquillité. Les villages visibles sur ma carte se résument à un point de contrôle militaire et une station essence qui fait office d’épicerie.




Les montagnes deviennent des collines, le plat c'est pour bientôt

Les maisons qu'on peut voir en bord de route dans les montagnes

La ville frontière de Macarà 


On arrive au tout petit poste frontière de Macarà pour traverser le pont qui sépare le Pérou et l'Equateur. On dérange le douanier qui regarde les Simsons à la télévision pour obtenir le tampon d’entrée. Nous voilà au Pérou ! Content de découvrir un nouveau pays certes, mais ce qu’on voit avec nos yeux de cyclistes très chargés c’est que le profil est à nouveau plat, aussi, que les nuages et la pluie sont restés derrière nous, la bas dans les montagnes! En effet, jusqu’à la première ville, on traverse de grandes zones tantôt agricoles (mangues, raisin, papayes) tantôt désertiques sous un soleil de plomb.



On dirait bien que c'est le désert là

Dans ce désert, on se prend une première claque dans la figure en voyant, les quelques villages, ou baraquements provisoires d’ouvriers agricoles qui ressemblent fort à des bidonvilles. Les maisons sont faites de bric broc, les rues des villages sont de sable, les gravats et déchets s’amoncellent un peu partout. La différence avec les pays voisins du Nord est assez marquée.



Le premières images du Pérou

On arrive à Sullana, première ville de taille conséquente. C’est la deuxième claque dans la figure. Les gravats et les déchets sont là aussi présents, mais c’est surtout l’activité de la ville qui me surprend. C’est le défilé des Tuk-tuks ou plutôt des motos taxi comme ça s’appelle ici, ça grouille, ça vit, c’est bruyant, poussiéreux, il y a des travaux un peu partout… Ce côté typique et animé me plait bien.


Arrivée à Sullana

Marché de Sullana

Marché de Sullana

Un petit bout de désert plus loin, on retrouve la même agitation à Piura, ville principale de la région du même nom, tout au Nord-Ouest du Pérou.
Demain, le voyage continu…
A bientôt.