samedi 16 juin 2012

De Shangri-la (Chine) à Chengdu (Chine)

Shangri-la, me voila aux portes du Tibet. Cette région aux paysages hors du commun, malheureusement interdite aux étrangers. La seule façon d'obtenir le permis pour visiter le Tibet est de passer par une agence de voyage. C'est à dire, participer à une excursion organisée en minibus avec guide obligatoire pour un prix d'environ 200 euros la journée... Reste la solution choisie par tout les voyageurs à vélo: essayer d'y passer sans permis. Le risque est minime, dans la majorité des cas, se faire prendre sans permis entraine une simple expulsion du Tibet autonome. Avec Tanel, on a obtenu une prolongation de visa d'un mois. Pas assez de temps pour faire l'allez-retour jusque Lhasa, mais on decide d'y faire une petite boucle. En route...

 La vielle ville de Shangri-la

Danses traditionelles sur la place de la vieille ville de Shangri-la

Paysages de carte postale entre Shangri la et Deqin

Deux jours plus tard, on arrive à Deqin, dernière ville avant le Tibet. On fait le plein de nouriture et on prend une nuit d'hotel pour recharger les batteries. Celles de l'appareil photo et les notres! Ça ne va pas être de tout repos. On s'est beaucoup renseigné sur le sujet, passer au Tibet autonome sans permis implique quelques contraintes : éviter les points de controles ou les passer de nuit, pas d'hotels, pas d'arrêts dans les villes, ne pas accepter les invitations (on pourait se faire dénoncer ou nos hotes pourraient avoir des problèmes à cause de nous), se couvrir le visage (comme tout les cyclistes chinois). Mais le jeu en vaut la chandelle.

En route pour le Tibet...

Repas avec des cyclistes chinois déja rencontrés plusieurs fois

Petit plan fait maison pour comprendre ce que je raconte

Pendant plus d'une journée, on cherche cette petite piste qui nous permetrait de passer dans l'autre vallée et d'entrer au Tibet par la petite porte.  Cette  piste figure sur notre carte et nous eviterait les trois premiers points de controles dont celui du pont de Druka Zampa très strict. On observe, on cherche, on tente des chemins de montagnes mais on ne trouve rien. Même les locaux semblent ne pas connaitre l'existance de ce chemin. Finalement, on abandonne et on continue par la route. 

A la recherche de la piste perdue...

La vallée de ''Meli Snow mountain'' - en cherchant cette piste on la connait par coeur maintenant

La route nationale 214 à la circulation quasi nulle

Deux autostoppeuses chinoises rencontrées sur la route de Deqin nous précèdent et nous envoient par sms les emplacements des points de controles. Les cyclistes chinois qu'on croisent nous donnent aussi des précisions. Comme annoncé, le premier point de controle de Foshan est vide, on le passe donc sans problème. Nous voila au Tibet!

La rivière Lancang Jiang qui n'est autre que le Mekong

Flying temple

Notre ''déguisement'' de cycliste chinois spécial Tibet

Le prochain point de controle se trouve à Salt, 50 kilomètres plus loin. On campe avant la ville, pour essayer de le passer de nuit. Reveil à 3h du matin, on roule dans le noir jusqu'à la ville. Les deux barrières sont ouvertes. A la Première, les chiens aboient mais on passe sans se faire voir. A la deuxième, le policier de garde, qu'on esperait assoupi, nous voit passer et nous interpèle. On s'arrete.  Il nous demande notre permis, on lui tend nos passeports. On fait ceux qui ne savaient pas que c'était interdit. Il nous renvoie d'ou on vient. On va finir notre nuit quelques kilomètres plus bas.


Bivouac de fortune sous la pluie après s'être fait renvoyer du point de controle

Ni moi ni Tanel n'avons envie de retourner en arrière. On passe la matinée à essayer de trouver une solution pour contourner ce point de controle. Trop dangereux par les montagnes, pas évident par le village. Finalement on le passera dans l'après midi, caché dans la benne d'un camion.

Et hop la ni vu ni connu! on passe le point de controle caché sous la bache

On continue notre route, les yeux grands ouverts dans ces paysages extraordinaires. Après un interminable col, on arrive sur le haut plateau de Markam. Dans ces grands espaces, tout nous parait d'un autre temps : les villages qu'on traverse, les gens qu'on rencontre, on voit des nomades à cheval, d'énormes troupeaux de yaks, de chèvres, de chevaux...

Maisons traditionelles tibetaines

A Markam, on décide d'écourter la boucle prévue et de continer vers l'est pour rejoindre la province du Sichuan. Sans empreinter cette piste introuvable, les points de controles sont trop nombreux, et celui du pont de Druka Zampa est réputé infranchissable. Mais pour cela, ils nous faut d'abord passer la ville. Le point de controle est juste à l'entrée de la ville. On le contourne facilement par une petite piste paralèle. On traverse la  ville rapidement sans s'arreter. A la sortie, surprise, un deuxième point de controle! Cette fois on le contourne  difficilement par les montagnes.


Contournement du point de controle - Je sourris mais on en a bavé!
Dernier petit bout de route au Tibet autonome et dernier point de controle à passer, celui qui fait la séparation entre le Tibet et le Sichuan. Difficilement contournable: des falaises de chaque coté du fleuve Yangtze et la police sur le pont. Alors on y va au culot. Le plus facile pour nous renvoyer du Tibet, c'est de nous laisser sortir. On se decouvre le visage, on sourit, les policiers aussi, une touriste chinoise fait la traduction. L'entretien est cordial, on a droit à quelques questions, un controle du passeport puis ils nous laissent partir au bout d'une dizaine de minutes.

Voila à quoi ca ressemble ces points de controles
Sur la route...

Juste à la sortie du Tibet, passage des 20000 kilomètres

Nous voila sorti du Tibet autonome, mais on en a pas fini avec les montagnes et c'est temps mieux. Même si   les villages tibetains du Sichuan ont un peu moins de cachet, les paysages restes tout aussi jolis.


Batang - province du Sichuan, apres 5 jours de riz/biscuits au Tibet, on retrouve notre régime alimentaire chinois

La récompense après plus de 100 kilomètres de Montée

Passage du col de Hazi Shan à 4675 mètres d'altitude pour arriver sur le haut plateau de Litang
Jusque Chengdu, on roule sur la ''Sichuan-Tibet highway'', qui n'a d'autoroute que le nom, peu de circulation et l'asphalt laisse souvent place aux cailloux. On y croise chaque jours des dizaines de cyclistes chinois de tout les ages et de tout les Niveaux, tous en route vers Lhasa.

Tiens encore un groupe de cyclistes chinois! Ce jour la on en a compté 58, le record est de 113 en une journée!

Le haut plateau de Litang - Et ils sont ou les téletubises?

Sur le haut plateau...

On prend  un jour de repos à Litang (4040m d'altitude), seule ville sur le haut plateau. On avait déja ressenti les effets de l'altitude lors du passage des cols, mais  à Litang, on se rend compte que même les gestes du quotidien nous essouflent.


Litang

Les cols s'enchainent, on fait le yoyo entre 2000 et 4800 mètres d'altitude. Pendant plus de 300 kilomètres, la route est en construction, on mange de la poussière et on se fait secouer comme de mirabeliers . Le fait de devoir être concentrer en permanence sur la route pour slalomer entre les cailloux gache un peu le plaisir. Et quand le vent, la pluie et la grêle s'en mêle, ça peut vite devenir la galère. 


Yajliang - Rencontre avec Xavier, un cyclo français, lui aussi, la poussière il connait!

Encore ces superbes paysages...

Acceuilli par un tibetain dans une maisonette isolée lors d'une tempete au passage du col de Zheduo Shangkou

Même écourtée, cette boucle, dans la région du Kham (région culturelement tibétaine qui regroupe l'extreme Nord du Yunnan, l'Est du Tibet autonome  et l'Ouest du Shichuan)  était absolument fabuleuse. Après 120 kilomètres de descente (youhou!) on retrouve la plaine, les haut fourneaux, les zones industrielles, les grandes villes et leurs flots de circulation. Puis on rejoint Chengdu pour retrouver notre souffle et reposer nos jambes.

Arrivée à Chengdu

A bientot.